La posture du Coaching… en passant par le conseil et la thérapie…
Le coaching prend sa place dans l’univers de la relation d’aide aux personnes, tout comme le conseil, le tutorat ou la thérapie.
Le coaching est-il conseil, tutorat ou mentorat ?
Le consultant
Le conseil est, un avis donné généralement par un expert à qui on expose un cas ou une situation. Cette « consultation » prépare la conduite à tenir dans la situation-problème.
Et pourtant, les choses se compliquent quand on observe que le champ du conseil. Il se reconfigure et n’a plus actuellement pour seule visée : la résolution du problème. Mais il implique des changements du comportement, des modes de raisonnement, de relation. Et c’est de cette manière que, dans les situations complexes, son apport n’est plus tant celui d’une expertise technique, ni celui d’un « sage » expérimenté. Il apporte également le regard d’un tiers intervenant efficacement par une prise de recul sur la situation.
Le tutorat,
quant à lui, est une fonction de l’entreprise qui se trouve à la croisée des logiques productive et éducative. La fonction du tutorat peut être définie comme « une relation d’aide entre deux personnes pour l’acquisition des savoir-faire et l’intégration dans le travail ». Il s’agit donc bien de la transmission de compétences professionnelles. Ici encore, au‐delà d’une définition qui semble circoncire clairement un champ d’intervention, on doit noter une évolution vers un rôle de « facilitateur » permettant de réfléchir, analyser, comprendre. Autrement dit, assimiler en étant encouragé, sécurisé, mis en confiance, guidé, informé, évalué…
Enfin, le mentorat
est une relation de soutien, de confiance et de formation entre un novice et un guide plus expérimenté. Le mentor va accumuler des fonctions comme accueillir, guider, enseigner, entraîner, répondre de, favoriser, être le modèle, présenter des défis, conseiller, donner des feedback, soutenir et sécuriser. C’est un partage d’expérience et de connaissances, idées et compréhension d’une organisation. Cette relation rétablit la fonction des ainés s’établissant sur base de réciprocité et de solidarité intergénérationnelle.
Toutes Ces pratiques apportent des éléments de savoir (transfert de connaissances ou de compétences).
En coaching
Le coaching procède par insight, par une prise de conscience qui amène à changer de regard sur une situation connue. Cette « révélation » constitue en fait le passage d’un état de conscience à un autre avec une compréhension différente des articulations entre les éléments. C’est le client qui sait et non le consultant. En général, le coach n’est pas là pour mettre en œuvre des méthodes ou des outils, ni pour préconiser une manière d’être ou d’agir, mais pour amener le coaché à co-construire avec lui les réponses qui lui conviennent.
Très souvent, le coach a moins de connaissances que son client dans le domaine où il travaille. Ceci lui permet une prise de recul par rapport au contenu. Le coach prend une « position basse » plus habituelle que la position haute de celui qui sait face à quelqu’un en difficulté. Cette circularité donne une plasticité importante à la démarche. Elle évoluera de façon interactive avec les apports du coaché et les interventions du coach. Le coaching se caractérise également par une intervention pédagogique non-directive.
Le coaching est-il un exercice de thérapie ?
La frontière entre les deux champs peut sembler ténue mais la ligne de partage n’en est pas moins réelle. De nombreuses réflexions peuvent commencer à éclairer cette question :
- Le coaching, comme la thérapie, passe par un travail intersubjectif
-
Ils visent tous deux à aider la personne pour mieux se réaliser, dans la perspective d’un développement durable de son identité
-
En outre, la relation d’accompagnement emprunte au monde thérapeutique certains concepts et outils.
-
Coaching et thérapie se différencient cependant par le champ puisque le coaching s’ancre dans l’univers professionnel du coaché. S’il aborde des composantes de l’identité, ce n’est que pour éclairer et faire avancer la problématique professionnelle. La thérapie quant à elle se déploie largement dans l’univers personnel et privé de la personne. Le travail n’étant qu’une sphère d’investigation possible.
-
Les objectifs des deux démarches sont également différents. Le coaching vise un objectif professionnel ou privé précis (trouver une meilleur façon de faire avec son équipe, réussir une réunion, affirmer sa position, développer sa carrière, comprendre ses faiblesses, ses forces, apprivoiser ses émotions…) Le nombre de séances et le plan de travail est fixés au départ. Ce ciblage, à l’exception des thérapies brèves, n’existe pas dans les pratiques thérapeutiques. La thérapie vise l’apaisement d’une souffrance, elle touchera davantage la structure psychique profonde là où le coaching a un impact plus ponctuel et davantage comportemental. La personne qui s’adresse à un coach ne se voit pas comme « malade » ou « dysfonctionnelle » mais comme quelqu’un qui a envie d’être plus performant, de se dépasser.
-
Et enfin, la posture et la perception professionnelle sont différentes : le thérapeute est perçu par le client comme un expert de son mal, capable d’articuler une théorie et une pratique de son désordre psychique. Ceci, il le fait en favorisant des sentiments régressifs et l’appui sur le thérapeute. Le coach lui, par les garde-fous établis via le contrat et par la co-élaboration du travail, responsabilise plus rapidement son client, même si des éléments régressifs peuvent apparaître, au moins transitoirement.
La montée en puissance de l’accompagnement.
Le développement du coaching s’inscrit dans la montée en puissance et la diversification du domaine plus général des pratiques d’accompagnement. Counseling, sponsoring, mentoring, côtoient tutorat, conseil, parrainage ou compagnonnage. Chaque forme s’inscrit dans un contexte professionnel spécifique, s’adresse à un public différent et en réponse à des objectifs précis.
Réhabiliter des usages anciens centrés sur la personne
Et cependant, il faut reconnaître, qu’il y a quelque chose de commun, de similaire, « un air de famille » entre ces interventions, qui forment donc une espèce de « système ». En effet, elles ont toutes en commun de tenter de réhabiliter des usages anciens centrés sur la personne et visent à constituer une espèce de passage ou de transition. Ceci, avec le souci de s’affranchir d’une vision psychologisante. Toute ces accompagnements s’inscrivent résolument dans une pratique et s’attachent à instaurer une réflexion au cœur de l’action. Ces pratiques sont toutes fondées sur une dimension relationnelle forte et l’idée d’un cheminement en commun.
Elles vont cependant se distancer des pratiques anciennes en effectuant un vrai changement de paradigme : là où prévalait une relation d’anciens à novices, de maître à élève. Il vient se substituer une approche centrée sur la personne comme sujet actif. ainsi, il passe d’une logique d’expertise centrée sur l’action du professionnel à une logique d’autonomisation centrée sur la personne.
Une pratique composite
Ce qui caractérise la fonction d’accompagnement c’est qu’elle se constitue à partir d’un matériel composite à la jonction de plusieurs logiques : la relation d’aide ; l’apprentissage ou la formation ; la socialisation ou l’insertion socioprofessionnelle ; le développement personnel ou de carrière … Tout cela en intégrant la dimension existentielle qui leur est sous-jacente.
L’hétérogénéité de ces impératifs va solliciter le professionnel dans une pluralité de rôles. Et c’est de cette manière que formateurs, éducateurs ou thérapeutes traditionnels vont devoir développer une multitude de connaissances connexes. Cela mobilisent des compétences autres que celles propres à leur discipline et qui sont sociales et organisationnelles.
Des angles d’approche complémentaires
Toutes ces approches semblent constituer des angles complémentaires d’un champ unique. Il est constitué par la prise en considération de l’être humain dans toute la complexité de sa recherche identitaire.
Coaching et thérapie, deux métiers, deux postures?
Après ce tour d’horizon, nous pouvons dire que toutes les démarches de la relation d’aide en milieu professionnel se regroupent et se complètent en partie. Entre le coaching et la thérapie, la frontière est bien mince mais bien présente.
Le coach peut, par exemple, être amené à transmettre des savoirs, à donner des conseils ou témoigner d’une expérience. Il se plaçant dès lors momentanément dans une posture de conseiller, formateur ou mentor. A l’inverse, nombreux sont les professionnels d’autres métiers de l’accompagnement qui intègrent dans leur pratique, les dimensions d’écoute de la personne et d’attention caractéristiques du coaching.
La pratique thérapeutique, quant à elle, semble se différencier sur les éléments de champs, d’objectifs et de niveau de souffrance.
Un outil, deux métiers
Une aiguille peut être la même dans la main d’une couturière ou dans la main d’un chirurgien. Ce qui fait la différence, c’est le métier.
Concluons qu’elle est encore bien jeune cette activité pour pouvoir se définir clairement et lever toutes les ambigüités. Bien jeune et pourtant… il y a tant de pistes de progrès existent pour peu que les professionnels, leurs fédérations et l’esprit scientifique s’y attellent.